Cette année, j’ai eu la chance d’être invité par mon Papa à la fête de l’Humanité. Comme c’est la première fois que je m’y suis rendu, je me disais que ce serait une bonne idée d’en parler ici.
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, voici un bref rappel de ce qu’est la fête de l’Humanité. Il s’agit d’un festival de trois jours organisé par le journal l’Humanité, historiquement proche du Parti Communiste Français. Il s’agit du deuxième festival français en terme de fréquentation totale, derrière le festival interceltique de Lorient et le premier en terme de fréquentation moyenne par journée (environ 180 000 personnes par jour). C’est ainsi le plus gros festival auquel j’ai pu assister.
La première chose qui m’a marqué, en rentrant sur le site le vendredi après-midi, c’est le nombre de stands. Des grandes tentes blanches à perte de vue. La plupart étaient des stands tenus par les différentes sections du Parti Communiste Français (départementales et Franciliennes), des syndicats, quelques autres partis de gauche français ainsi que beaucoup de partis communistes du monde entier (j’y reviendrai).
Certains stands étaient assez petits, d’autres beaucoup plus gros et tous vendaient, à prix assez bas, spécialités culinaires locales et boissons. Pas trop de soucis pour s’hydrater et se nourrir, donc. Un certain nombre de stands étaient dotés de scènes et/ou de système de sonorisation pour accueillir des musicien.ne.s ou des conférencier.e.s. A côté de ces stands, il y en avait des plus spécialisés (éditeurs de livres, librairies, collectivités territoriales… ou Havana Club et Ricard).
Assez parlé du décor maintenant, passons à la musique (ça reste quand même la vocation de ce site).
Le premier jour (le vendredi), je n’ai vu qu’un concert dans son intégralité, celui de The Disruptives (le groupe de l’humoriste Guillaume Meurice). D’ailleurs je dis concert, mais il s’agissait davantage d’un spectacle musical, mêlant sketches entre musiciens et chansons. C’était pas mal politisé et musicalement ça tenait la route avec un rock simple mais efficace.
Le deuxième jour, nous avons tout d’abord découvert sur la P’tite Scène le KKC Orchestra, 3 musiciens/djs/mcs s’échangeant leurs rôles et instruments. Le résultat est explosif et mélange rap, electro, jazz… L’énergie sur scène est en adéquation avec la musique et on a eu droit à quelques passages assez bourrins !
Nous avons ensuite rejoint la Grande Scène pour assister à la fin du concert de Jeanne Added. Je ne la connaissais pas mais une chose est sûre : elle est dans son élément sur scène. Elle courait partout, faisait de grands gestes tout en posant sa voix sur les synthés variés qui l’accompagnaient. Assez puissant, même si ce n’est pas forcément ma tasse de thé (j’ai trouvé l’instrumentation assez uniforme, ce n’est pas un défaut et tout à fait contestable).
Nous avons enchaîné avec The Inspector Cluzo, duo de hard rock d’un guitariste et d’un batteur agriculteurs dans les Landes. Ils prônent l’agriculture locale et la musique sans ordinateurs (des positions qui servent aussi un peu à avoir un côté provoc mais qui selon moi sont discutables pour certaines, mais c’est pas le sujet). Musicalement, c’est très solide, à deux instruments ça envoie quand même du pâté (de canard donc).
Après une nouvelle traversée du site du festival, nous revoilà devant la P’tite Scène pour découvrir la funk teintée d’afrobeat d’Abdul and the Gang. La musique est explosive, variée avec des influences marocaines, parfois rythmiquement complexe mais toujours dansante et groovy. Les musiciens sont tous très bons, improvisent et sont très mobiles sur scène (mention spéciale aux chorégraphies des trompettiste et tromboniste). Le chant mêlant français et arabe s’insère très bien dans le reste de l’instrumentation rendant le tout détonnant.
Retour sur la Grande Scène pour voir le tôlier Bernard Lavilliers et ses morceaux-tour-du-monde de reggae, de salsa, de rock, de variété que j’avais déjà pu voir en décembre. Les musiciens étaient très bons, une belle part d’improvisation, une autre de dialogue avec le public… Bernard Lavilliers se sentait ici chez lui et ça se ressentait. Le bougre s’est même permis une petite démonstration de danse salsa à 71 ans.
Après une petite collation, l’heure du gros morceau du samedi arrive : Franz Ferdinand. Malgré la foule, le son est bon, le chanteur a travaillé son français et les morceaux dansants s’enchaînent dans une ambiance disco et rock. Un bon moyen de choper des courbatures pour le lendemain si le reste ne suffisait pas.
De retour le dimanche, j’ai conclu ma première participation à la Fête de l’Humanité par une petite ballade dans les allées du festival et du village du livre, jusqu’à tomber sur la prestation de Velvet in the Bled, un duo guitare/oud et chant qui mêle raï et blues. Une manière de finir en douceur ces trois jours qui m’en ont mis plein les oreilles.
Pour terminer ce petit compte-rendu, j’aimerais partager quelques remarques à propos du festival. Tout d’abord, j’ai apprécié les très nombreux spots audio et vidéo du festival contre le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles. Je n’ai pas eu une réelle impression de leur efficacité, mais rien que de le formaliser, et peut-être à force de le répéter, il y aura quelques effets positifs à cette démarche. J’ai aussi beaucoup aimé l’ambiance « fête du village » que l’on ressentait en parcourant les différents stands régionaux, cela donnait à un évènement démesuré par sa foule une ambiance assez chaleureuse (à voir si elle était effectivement chaleureuse pour tout le monde). Une chose m’a chagriné cependant, la présence de stands de partis uniques et autoritaires comme celle du parti communiste chinois. Quand on sait les exactions de ce parti, en plus du fait qu’il n’a plus grand chose de communiste, je trouve ça assez curieux de lui faire tant d’honneurs, surtout quand on se vante de soi-même combattre l’autoritarisme.