J’ai pas mal réfléchi afin de savoir si j’étais légitime pour parler du travail : je suis étudiant et mon expérience professionnelle se limite à des emplois de vacataires l’été. Je suis de plus blanc et de genre masculin, je ne suis donc pas victime de discrimination professionnelle de la part de notre société sexiste et quelque peu raciste (euphémisme ?). Mais au final, sauf très gros chamboulement, je serai un jour bien obligé de travailler si je veux gagner ma vie correctement (parce que si vivre avec des allocations c’est potentiellement faisable, bien vivre avec des allocations c’est autrement plus compliqué). Le monde du travail me concerne donc tout de même et plus encore le futur du monde du travail.
Vous me voyez venir je pense : je vais un peu parler du projet de loi sur le travail proposé par madame la ministre Myriam El Khomri. Contrairement aux Sex Pistols, j’envisage un futur, si possible radieux pour tout le monde, ce qui me fait m’intéresser un peu à ce projet. Je ne compte pas trop m’attarder sur le détail de ce que prévoit cette loi, d’autres le font mieux que moi. Le but de ce texte serait de rendre les entreprises françaises plus compétitives afin qu’elles puissent refaire un peu une santé à la croissance française quelque peu stagnante. Le soucis est que pour favoriser cette compétitivité, le gouvernement et le MEDEF misent sur une plus grande flexibilité des conditions de travail (temps de travail, temps de repos, conditions de licenciement…) quitte à rendre plus difficile la condition des travailleurs eux-mêmes. Cela contraste assez avec la tendance de ces derniers siècles qui était plus de sécuriser leur position.
Cette proposition de loi a été pour beaucoup la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La situation en terme d’embauche n’est pas terrible (vu le taux de chômage), l’ambiance au travail n’est pas toujours top (euphémisme toujours) et le code du travail n’est pas toujours respecté. Pour trouver des exemples illustrant cette situation si votre expérience personnelle n’en offre pas, je pense que vous pouvez demander à vos proches comment se passe leur travail/absence de travail. Et si par bonheur tous va bien pour vous et vos proches, vous pouvez lire et écouter les témoignages d’autres -faciles à trouver : cherchez #onvautmieuxqueça sur vos réseaux sociaux préférés. Alors proposer une énième loi privilégiant la compétitivité au bien-être des travailleurs, quand on est travailleur (ou qu’on le sera), je peux comprendre que ça mette en rogne. Surtout quand les précédentes mesures n’ont pas tellement amélioré la santé de l’économie française !
La solution du gouvernement, si j’ai bien saisi, c’est de soigner l’économie en déshumanisant le monde du travail. Pourquoi pas, après tout l’esprit humain est faillible. Mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ça paradoxal… Un peu comme si c’était l’humain au service de l’économie et non plus l’économie au service de l’humain.